Au Québec, nous avons la chance de vivre sur un territoire contenant un véritable trésor naturel, soit 3 % des réserves mondiales d’eau douce. Comme tout grand privilège s’accompagne de grandes responsabilités, nous avons le devoir d’assurer une saine gestion de notre or bleu. C’est pourquoi, chez Réseau Environnement, nous croyons dur comme fer que nous ne pouvons nous résigner face au déficit de maintien d’actifs en infrastructures d’eau de 34 milliards de dollars qu’il reste à combler.
Une meilleure gestion de nos infrastructures d’eau est la seule garantie qu’un service de qualité, fiable et durable continuera d’être fourni à l’ensemble de la population québécoise, où qu’elle réside. Nous devons nous assurer de réaliser une gestion efficiente sur le plan de la ressource, des entretiens réguliers et, lorsque nécessaire, des réfections adéquates, pour ne pas aggraver une situation frisant déjà l’alarme par endroit. Parlez-en à plusieurs municipalités, pour qui la problématique de l’eau en est vite devenue une de développement économique. Il va sans dire que répartir les coûts de ces investissements dans le temps devient aussi une question d’équité entre les générations. Un autre exemple de la vétusté de nos infrastructures est celui des eaux usées déversées par certaines municipalités dans notre géant fragile, le fleuve Saint-Laurent. Ces décisions ne sont pas prises en toute insouciance, au contraire. Lorsqu’une municipalité procède ainsi, c’est souvent qu’elle n’a pas d’autre choix. Dans bien des cas, les installations actuelles ne suffisent plus à gérer des quantités d’eaux usées toujours plus grandes. À force de négliger nos infrastructures en eau, on refile la facture aux contribuables, alors que les coûts immédiats se font sentir dans nos milieux naturels.
Si nous avions une seule chose à mettre en lumière en matière de gestion de l’eau, ce serait les résultats implacables de notre étude économique conduite en 2021 sous la direction d’un professeur des HEC, M. Justin Leroux 1. Celle-ci conclut qu’investir dans la mise à niveau de nos infrastructures en eau serait non seulement bénéfique pour la sauvegarde de notre précieuse ressource, mais bel et bien rentable pour le Québec : chaque dollar investi en infrastructures d’eau pourrait rapporter plus de 1,72 $ à la société. L’analyse de sensibilité effectuée par notre équipe de chercheurs démontre par ailleurs la robustesse de ce rendement pour les infrastructures linéaires et ponctuelles d’eau potable, d’eaux usées comme d’eaux pluviales. Rattraper le déficit de maintien d’actifs et améliorer les infrastructures en eau apporterait de nombreux bénéfices. Tout d’abord, l’efficience des opérations associées aux infrastructures en eau serait améliorée. En effet, les investissements permettraient une réduction du nombre de réparations, de ruptures de services, de risques de bris et de pannes catastrophiques dues aux changements climatiques. L’amélioration de la qualité des rejets d’eaux usées ainsi que la réduction du volume de rejets non traités et de dommages liés à l’augmentation des épisodes de pluies diluviennes sont autant de bénéfices à prévoir.
D’autres avantages liés à l’amélioration de la santé humaine sont également à considérer. On peut notamment penser à la réduction de la contamination de l’eau potable par des agents pathogènes, du nombre de contaminations par les débordements d’eaux usées ainsi que de la présence de perturbateurs endocriniens dans l’eau potable. L’accroissement des investissements prévoit une amélioration du traitement des eaux usées, et donc une diminution des impacts sur les écosystèmes en cas de débordement. On anticipe également une baisse de la charge en micropolluants des effluents de stations d’assainissement ainsi que de la charge en microplastiques. Les risques d’inondations reliés aux changements climatiques se verraient également réduits.
Les constats de cette étude illustrent toute la pertinence de notre vision pour une économie verte : des mesures intelligentes, basées sur des données probantes, contribuant à la fois à l’atteinte de nos objectifs environnementaux et climatiques et au développement durable de nos communautés. Nous avons prouvé la rentabilité de projets en économie verte au moyen d’investissements en infrastructures. C’est à nous, spécialistes du milieu environnemental, qu’il incombe de faire la démonstration et la pédagogie de ce potentiel dans tous les secteurs de notre économie. C’est ce que Réseau Environnement entend continuer à faire auprès des décideurs publics dans les mois à venir et lors d’Americana, où vous êtes invités à participer du 20 au 22 mars au Palais des congrès de Montréal.
- Groupe AGÉCO. (2021). Estimation du retour sur investissement pour les infrastructures en eau au Québec.