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S’éduquer sur l’eau

Par Gregory Pratte

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Avez-vous remarqué que l’on a manqué d’eau cet été ? Selon leur propre chambre d’écho, certains diront que oui, tandis que d’autres refuseront d’y croire.

Les derniers mois ont été chauds. Les précipitations ont été moins fréquentes, mais on a connu des épisodes de pluies diluviennes. À titre d’exemple, les pluies du 13 juillet 2025 ont battu un record vieux de plus de 154 ans dans la région métropolitaine. En résumé, on alterne entre des pluies torrentielles et des sécheresses, et ce phénomène provoque tout un stress hydrique.

Pourtant, les douches se prolongent dans plusieurs chaumières, on arrose abondamment son gazon pour éviter qu’il jaunisse, et certains poussent de petites roches sur leur entrée d’asphalte à grands coups de boyau. On devra donc un jour où l’autre mettre en place des mesures efficaces pour mieux gérer l’eau – celle qui tombe du ciel et celle qui circule dans nos infrastructures.

Un coût caché

Parlons plus précisément de l’eau potable dans nos maisons. Comment faire comprendre aux citoyens qu’il s’agit d’une richesse à protéger  ? Parlant de richesse, à votre avis, combien vaut l’eau potable ? Quel est le prix que paie la collectivité quand un citoyen remplit sa piscine ou son spa ? Le coût de l’eau est inclus dans les taxes municipales, ce qui donne l’impression qu’elle est gratuite.

Cette question est primordiale sur le plan des leviers de changement. Si l’on détermine que le mètre cube d’eau coûte 1,50 $ ou 2,50 $, il faut le dire et le répéter encore et encore. Pour modifier un comportement, il faut comprendre le « pourquoi ». Et ce pourquoi est différent d’une personne à l’autre. De toutes les époques, l’argent a été un levier de changement important : cela est particulièrement vrai à l’heure actuelle, où tout coûte plus cher. Alors, commençons par éduquer les citoyens sur le coût réel de l’eau.

« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde. »

Si vous suivez mon contenu, vous savez que je parle régulièrement de l’importance de l’information et de la sensibilisation. Dans le dossier de l’eau, je suis d’avis que pour l’instant, il faut s’éduquer collectivement. Comment l’eau arrive-t-elle dans nos maisons ? Qui sait comment fonctionne une usine d’eau potable ? Qui en a déjà visité une ? Très peu de gens. Pourtant, 100 % des citoyens du Québec boivent chaque jour de l’eau potable, se lavent à l’eau potable, nettoient la vaisselle et cuisinent avec de l’eau potable et font leurs besoins dans de l’eau potable.

À l’école, on apprend à lire, à écrire et à compter, mais rarement à mieux consommer. Dès la maternelle et jusqu’à la fin du secondaire, on devrait donner des cours sur l’eau. On constate déjà le phénomène dans quelques écoles, mais ce devrait être plus répandu et mieux encadré.

Plusieurs municipalités ont choisi de prendre le taureau par les cornes en lançant des campagnes de sensibilisation. Je crois néanmoins qu’avant de passer à la sensibilisation, il faut partir de la base : l’éducation. Je le répète, il s’en fait des choses au Québec en information, sensibilisation et éducation concernant l’eau. Cet été, la Ville de Prévost a lancé la campagne Eau que oui !, regroupant quatre programmes de subvention et plusieurs astuces pour mieux consommer. On a même eu droit à une campagne nationale Pensez Bleu. Je vois beaucoup d’initiatives locales, et certaines sortent du lot. Mais en existe-t-il qui sont vraiment efficaces ? Je l’ignore, car je n’ai jamais vu d’indicateur de performance de ces campagnes.

En finir avec les coups d’épée dans l’eau

Et si l’on mesurait un peu le succès ? C’est connu : tout ce qui se mesure s’améliore. Imaginez si l’on se donnait des objectifs, comme réduire le nombre de litres d’eau consommés par foyer. Je sais, il faudra des compteurs d’eau, ce qui n’est pas toujours populaire. Je propose donc une autre cible : réduire la quantité de lingettes qui sont jetées dans les toilettes et qui se retrouvent à l’usine de traitement. On lance une campagne d’éducation avec un seul objectif précis – de grâce, pas une pléthore de messages du type « tant qu’à y être ». Un seul message, avec un seul objectif, et on mesure. Selon les résultats obtenus, on ajuste et on recommence.

Vous trouvez que mon affaire est intense ? Avez-vous vu la dernière publicité nous invitant à boucler notre ceinture afin de minimiser les blessures en cas d’accident si l’on roule trop vite après avoir bu notre sixième bière de la soirée ? Bien entendu, elle n’existe pas. C’est pour vous illustrer l’importance de mettre l’accent sur un message à la fois. Et en ce moment, dans les campagnes que j’ai vues au Québec, on semble tellement pressé d’agir que l’on veut tout dire en même temps. On émet tout plein de messages dans une même campagne et les citoyens finissent par ne rien absorber.

Bravo aux municipalités et au gouvernement pour toutes les initiatives mises en place. Peut-être que le temps des silos est révolu et qu’il faut travailler davantage en équipe. On a les moyens d’éduquer la société afin de mieux protéger, gérer et utiliser l’eau. Je crois qu’ensemble, on peut y arriver.

Pourquoi, encore aujourd’hui, plus de 44 % des Québécois croient encore que l’eau est inépuisable dans leur province? J’ai pensé à ça une bonne partie de l’été et je n’ai pas la réponse précise. Peut-être qu’il est temps de cesser de jaser entre nous et d’aller poser la question aux citoyens. Passons du monologue au réel dialogue, et trouvons ensemble des solutions pour préserver l’eau du Québec, pour vrai, concrètement.

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