A lutte contre les changements climatiques est un défi important de notre siècle. Les effets de ceux-ci se font sentir dans de nombreux domaines; les municipalités et leurs infrastructures n’y échappent pas. Les municipalités québécoises doivent donc s’interroger sur les bonnes pratiques à instaurer, sans attendre, en matière de changements climatiques. Afin de répondre au mieux à ces enjeux, la notion de résilience vient s’intégrer à la gestion des infrastructures urbaines.
En gestion des actifs, la résilience suscite un grand intérêt, et des réflexions sont en cours dans le monde municipal québécois. Dans cette lignée, le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU) coordonne un projet en collaboration avec les firmes Brodeur-Frenette et Planifika sur l’élaboration d’un outil d’autoévaluation de la résilience destiné aux municipalités.
La résilience, qu’est-ce que c’est ?
La résilience est la capacité à se remettre d’un choc et à revenir à un fonctionnement semblable à l’état initial. Le processus de résilience n’est pas figé ni unique. Cependant, on peut décrire certaines grandes étapes nécessaires à la mise en place d’une stratégie efficace : l’identification des risques, la sensibilisation à ces risques, la prévention et l’adaptation, la réaction face à l’événement, ainsi que la récupération et la reconstruction. Toutes ces étapes permettent la mise en place d’une gestion et d’une planification stratégique dans le but de créer une stratégie de résilience climatique efficace.
Les actifs en eau face aux aléas climatiques
Les changements climatiques ont des répercussions importantes sur les infrastructures municipales, notamment sur les réseaux d’égout sanitaire et pluvial. En réalité, les effets des changements climatiques se font déjà ressentir au Québec. En effet, les inondations printanières ainsi que les précipitations annuelles abondantes sont de plus en plus nombreuses et tendent également à augmenter en intensité. De plus, de forts épisodes de chaleur provoquant des périodes de sécheresse deviennent, eux aussi, fréquents. La grande sollicitation des systèmes impose aux municipalités de trouver des solutions afin d’améliorer leur gestion des eaux.
Les conséquences des changements climatiques varient en fonction du positionnement géographique des municipalités. Celles qui sont situées aux bords des rivières sont plus lourdement affectées par les inondations. En outre, les crues printanières, causées par la fonte des neiges associée à des épisodes de pluie intense, accroissent leur vulnérabilité. Les petits bassins versants ne sont cependant pas en reste, car l’intensité des pluies tendant à augmenter, les futures crues seront amplifiées, provoquant une accentuation de la fragilité des municipalités environnantes.
Les tempêtes ne sont pas en reste. En effet, lors d’épisodes de vents violents, les municipalités peuvent être confrontées à des pannes d’électricité qui ont des conséquences graves sur les actifs en eau. Lors de ce type d’événement, la question de l’approvisionnement en eau devient une problématique urgente à traiter.
Les aléas des tempêtes, des fortes précipitations et de la sécheresse sont ceux retenus dans le projet du CERIU. Ils ont été définis comme étant les plus fréquents et les plus problématiques, et sont donc ceux auxquels les municipalités ont besoin de se préparer.
Le projet de résilience municipale des actifs en eau
Mis en œuvre par la Fédération canadienne des municipalités (FCM) par l’intermédiaire du Programme de gestion des actifs municipaux (PGAM), administré par la FCM, et financé par le Gouvernement du Canada, le projet intitulé « Résilience systémique des actifs des municipalités au Québec dans un contexte de gestion d’eau » a pour objectif d’amener une réflexion stratégique sur les différents enjeux liés aux changements climatiques. Outre la sensibilisation aux changements climatiques, ce projet a pour but de faire prendre conscience aux municipalités du Québec des nouvelles problématiques liées aux changements climatiques qui auront des effets sur leur gestion d’actifs.
Ce projet a été a mis en place afin de répondre aux besoins des municipalités concernant la résilience de leurs actifs en eau.
Deux livrables sont attendus : un questionnaire permettant d’analyser la résilience municipale ainsi qu’un guide d’accompagnement pour l’élaboration d’une stratégie de résilience. Le but du questionnaire est d’identifier les faiblesses de même que d’évaluer les connaissances et les actions mises en place par la municipalité pour avoir une stratégie de résilience climatique. De son côté, le guide a pour objectif de faire comprendre les enjeux de la résilience et les manières de réussir à mettre en œuvre des actions en fonction des faiblesses.
Petites et grandes municipalités ne sont pas égales face aux aléas climatiques. En effet, leurs moyens (tant financiers que matériels) diffèrent grandement. À travers le projet Résilience, le CERIU cherche à proposer des pistes de solution pour les municipalités de toutes les tailles. Afin de répondre au mieux à ces enjeux, le comité de travail est constitué de représentants de neuf municipalités allant de 1 359 habitants à 1,78 million d’habitants, comprenant les villes de Gatineau, Montréal, Saint-Jérôme et Terrebonne. La force du projet se trouve aussi dans la diversité des profils composant le comité de travail, qui permet de confronter les visions et les besoins afin de répondre à un maximum d’attentes.
Ce projet sera lancé en novembre 2023. Les outils présentés seront gratuits et disponibles sur le site du CERIU. Le projet fera l’objet d’une conférence au congrès INFRA, les 21 et 22 novembre 2022.