C’est en suivant mon instinct que j’ai lancé le magazine Source sur la gestion de l’eau potable et le traitement des eaux usées en 2005. Il faut dire que j’avais déjà de bonnes antennes sur le terrain pour me guider. L’avenir m’a donné raison. Deux décennies plus tard, le magazine est encore bien vivant et plus pertinent que jamais.
Or, n’eût été le fait que le magazine répond à un besoin précis, l’histoire aurait pu être beaucoup plus courte. Le portrait médiatique québécois des dernières années fait état d’une tendance lourde. Dans l’étude Les médias québécois d’information – État des lieux en 2022 du Centre d’études des médias, on apprend notamment que les hebdomadaires régionaux sont passés de 200 à 113 entre 2012 et 2021. Et depuis, on a vu la fermeture d’autres médias, comme Métro, et de nombreuses suppressions d’emplois, notamment chez Québecor, qui a annoncé, en novembre 2023, l’abolition de 547 postes au Groupe TVA. L’étude précise d’ailleurs que la masse salariale des quotidiens, hebdomadaires et autres publications a diminué de presque 40 % entre 2016 et 2020.
Partage d’expertise
Malgré l’hécatombe, Source perdure. Pourquoi ? Je crois que c’est en raison de son contenu à la fois pertinent, niché et produit par les gens du domaine. Nicolas Minel, président-directeur général de Brault Maxtech, le mentionne d’ailleurs dans le reportage : « Il y a plusieurs revues intéressantes dans le domaine de l’eau, mais Source est très ancrée dans son territoire. C’est comme le trait d’union entre les entreprises québécoises du secteur de l’eau, les institutions et les villes. » Avouons qu’il n’a pas tort. Lire sur le Web à propos d’une nouvelle technologie implantée dans le sud des États-Unis n’a pas le même impact que lire, en français, que votre collègue de Sept-Îles l’a installée dans son usine. En fait, trois fois par année, les expertes et les experts se donnent rendez-vous dans ce magazine pour partager leurs connaissances. C’est un magazine fait par et pour les spécialistes du domaine de l’eau du Québec, des gens que vous croiserez peut-être dans un colloque pour en discuter. La différence est claire : ce contexte enrichit l’intérêt et la pertinence de chaque article.
Des annonceurs essentiels
Le magazine est aussi privilégié de pouvoir compter sur des annonceurs fidèles, sans qui rien de tout cela ne serait possible, puisqu’il ne vit pas de subventions. D’ailleurs, l’état des lieux du Centre d’études des médias révèle qu’entre 2012 et 2020, les annonceurs ont dépensé environ 850 millions de dollars de moins dans les médias traditionnels, alors que les budgets publicitaires ont augmenté de 150 millions de dollars. Ce sont les géants du Web, comme Google, Facebook et YouTube, qui gobent la part du lion : ils se sont accaparés près de 60 % du marché publicitaire.
Si Source, tel un mini David, réussit à se tenir debout devant cet énorme Goliath, c’est parce que les différents acteurs de l’industrie achètent de la publicité pour faire connaître leurs produits et services, bien sûr, mais aussi pour soutenir le magazine et, de ce fait même, leur industrie. Nous tenons donc à les remercier chaleureusement et à souligner l’importance de leurs actions au service de la communauté. Parce qu’un magazine en santé est le reflet d’une industrie en santé. Source fait circuler l’information, dénonce des situations, souligne les bons coups et fait rayonner les acteurs de changement d’ici. C’est important pour la vitalité du secteur.
Toujours plus pertinent
Le Québec arrive d’ailleurs à une période charnière, avec les répercussions des changements climatiques, les inondations de plus en plus fréquentes et les bris d’équipements qui se multiplient. Sans parler du fait qu’il faut renouveler les différentes infrastructures en eau, et ça presse !
Or, peu d’argent y est accordé en ce moment. Investir dans le domaine de la gestion de l’eau potable et du traitement des eaux usées n’a jamais été ni sexy ni politiquement rentable. En même temps, il faut migrer vers de nouvelles technologies alors que nos standards de qualité s’élèvent.
Source est donc plus pertinent que jamais pour porter le message, et nous avons bien l’intention de poursuivre notre mission pour accompagner l’industrie dans cette période importante pour le Québec.