Le phénomène est entré dans nos mœurs il y a déjà une douzaine d’années, mais il a pris beaucoup d’ampleur pendant la pandémie : l’utilisation des lingettes jetables, un produit que l’on ne peut ni recycler, ni valoriser, bouche les canalisations, de la maison jusqu’aux usines d’épuration, et montre de quelle manière un marketing efficace a fait d’un objet quasiment inutile et polluant un incontournable du quotidien.
Non seulement la lingette jetable se range-t-elle dans la catégorie des plastiques à usage unique largement décriée par les temps qui courent, mais des citoyens, des commerces et même certains établissements publics, loin de les éliminer correctement, les jettent dans les toilettes en tirant nonchalamment la chasse sur ce qui deviendra éventuellement un grave problème pour les réseaux d’eaux usées de nos municipalités.
En amont du problème, il y a certainement un manque d’information adéquate chez le citoyen. Il ne faut toutefois pas négliger un comportement qui frise l’indécence de la part de certains fabricants de lingettes, qui n’hésitent pas à apposer sur leurs emballages des prétentions aussi farfelues que produit recommandé par les plombiers, sécuritaire pour les toilettes et, pire encore, biodégradable !
Produit futile qui démontre la propension naturelle de l’humain à la surconsommation, les lingettes nettoyantes et jetables ne sont pas une mode passagère, car elles sont devenues parties intégrantes du quotidien de beaucoup de gens. Elles ont remplacé le chiffon, l’éponge ou la guenille que l’on mouille avec de l’eau et un quelconque détersif.
C’est un drôle de paradoxe : alors qu’on assiste à une réelle montée de la conscience environnementale dans le monde, qu’on n’a jamais autant scandé collectivement qu’il fallait faire attention à notre planète et limiter la production des gaz à effet de serre qui dérèglent son climat, on constate une augmentation de 250 à 300 % de la consommation des plastiques à usage unique. Ces chiffres sont sans doute modulés par la crainte sanitaire causée par la pandémie de COVID-19, mais ils donnent tout de même froid dans le dos lorsqu’on pense à l’impact qu’auront ces plastiques à usage unique une fois dans l’environnement.
Il est clair, d’une part, que les citoyens ont besoin d’être mieux renseignés sur le fléau que représentent les lingettes. D’autre part, des interventions légales doivent pouvoir empêcher les fabricants de faire de l’écoblanchiment en prétendant que leurs produits sont biodégradables. Ce marketing mensonger est, hélas, capable de convaincre une grande partie de la clientèle qui cherche à se conscientiser au respect de l’environnement et qui fait confiance à ce genre d’assertions. On se dit que si c’est écrit sur l’emballage, c’est que c’est vrai, la population étant habituée à faire confiance à l’étiquetage dans le domaine alimentaire, par exemple, où les données sont fiables parce que le contrôle légal est rigoureux.
Mais combien de ces clients achèteraient de tels produits s’ils prenaient conscience des impacts, à tous les paliers, de la production d’un objet à utilisation unique comme une lingette jetable ? Il serait souhaitable que tous comprennent les étapes « de vie » des produits à usage unique. De l’extraction des matières premières jusqu’au traitement des déchets, en passant par leur fabrication, leur conditionnement, leur distribution et leur transport, à chacune de ces étapes, des gaz à effet de serre sont émis. Cela constitue un réel gâchis pour l’environnement et le climat.
En attendant des jours meilleurs, comment aider les municipalités aux prises avec ce coûteux désastre qui affecte leurs réseaux des eaux usées ? En s’alliant à d’autres municipalités et en échangeant leurs bonnes idées !
L’approche de Réseau Environnement fonctionne très bien auprès des municipalités membres du programme d’excellence PEX-StaRRE, d’où émergent plusieurs solutions aux divers problèmes de la gestion des eaux usées, grâce à des communautés de pratique. Et en profitant de l’esprit de collégialité de ce programme, les municipalités seront en mesure d’affronter le problème des lingettes en amont, et p