ÉditosL’immense potentiel des données

L’immense potentiel des données

Par André Dumouchel

La révolution numérique est sans conteste le tournant majeur de notre époque. Internet a bouleversé notre quotidien, en plus d’avoir transformé la gestion des entreprises ainsi que nos relations de toutes sortes, qu’elles soient sociales, éducatives, familiales ou culturelles.

Internet a redéfini tous les moyens de communication. On n’a qu’à penser à l’Internet des objets, c’est-à-dire des objets intégrant des capteurs, devenus capables de recueillir des données échangeables avec d’autres capteurs grâce à des applications raffinées. Un téléphone cellulaire, une montre intelligente, un téléviseur, un appareil photo et même un frigo peuvent maintenant récolter des données et échanger de l’information entre eux, que vous dormiez ou non, et parfois même à votre insu !

Et ce n’est que la pointe de l’iceberg. L’omniprésence des données dans tous les aspects des activités démontre à quel point notre vie est sur le point de changer. Au Québec, des entrepreneurs innovants sont tout à fait au courant du fait que la cueillette de données et leur interprétation possèdent un potentiel immense, et ils sont au fait des formidables promesses qu’elles offrent.

C’est le cas chez Nordikeau, dont le président Jean-François Bergeron, armé d’une dynamique division de l’innovation, offre maintenant aux municipalités un service de plateforme infonuagique, Nordicité, capable d’améliorer chacune des interventions relatives aux cycles de l’eau potable et des eaux usées.

Même s’il est relativement compliqué d’adapter au domaine de l’eau une telle infrastructure de communication basée sur la cueillette en continu de données, Nordicité s’avère très facile d’utilisation pour la clientèle, en l’occurrence les municipalités du Québec. Pas besoin d’installer de logiciels : grâce à une simple petite boîte raccordée à l’ordinateur, l’information devient accessible sur un site Web.

Et la beauté de la chose, c’est que le modèle d’affaires de Nordicité se calque un peu sur celui de Vidéotron : contre un forfait mensuel couvrant l’utilisation de la plateforme et de l’infrastructure de communication, tous les équipements requis sont également fournis. De plus, Nordikeau a su s’entourer de plusieurs partenaires afin que la plateforme soit fiable, en cas d’urgence ou de situation exigeant une rapidité d’intervention. Un vrai tour de force pour cette entreprise d’ici.

Le Québec, pas toujours vite sur ses patins

Si certains sont allumés par l’extraordinaire potentiel des données, il semble difficile d’attribuer ce trait de caractère au gouvernement du Québec.

Prenons par exemple cette pandémie de COVID-19 qui s’éternise, contre laquelle la planète entière lutte à coups d’innovations, allant de vaccins à des médicaments et à des mesures de dépistage, et maintenant au traçage dans les eaux usées du coronavirus et de ses variants.

Cette dernière technologie, dont l’élaboration a été en grande partie le fait de chercheurs québécois, dans le cadre d’une recherche subven-tionnée, est un outil de pointe. Cette cueillette de données dans les eaux usées peut donner la réelle mesure des contami-nations, pour un lieu défini, et permettre de prévoir des éclosions plusieurs jours à l’avance. Partout dans le monde, au Canada et même à deux heures de Montréal, en l’occurrence à Ottawa, le traçage du coronavirus dans les eaux usées est utilisé. Partout… sauf au Québec. Ce n’est que récemment, vers la mi-avril, que ce moyen simple et efficace a été ajouté au coffre à outils de la Santé publique, pressée par les nombreuses questions des médias à ce sujet alors que la sixième vague battait son plein. Cette forme de dépistage, peu coûteuse, a été longuement étudiée par l’INSPQ, avant qu’il ne donne son accord tardivement, même s’il ne se faisait presque plus de dépistage systématique par tests PCR.

En bref, le Québec a négligé cette récolte de données dans les eaux usées, alors que partout dans le monde, elle était utilisée. La Belle Province devait sans doute se fier aux dépistages faits ailleurs, en Ontario par exemple…

Pourtant, la chercheuse Sarah Dorner, dont la recherche avait fait l’objet de la une de Source, à l’hiver 2021, nous apprend qu’un simple transfert technologique aurait pu permettre au ministère de la Santé de prévoir avec précision l’arrivée de n’importe quels nouveaux variants.

On se rappelle que quelques semaines avant le plus récent Noël, le premier ministre du Québec, François Legault, avait annoncé que la population allait presque s’éclater lors du temps des fêtes, car les citoyens devaient pouvoir accueillir chez eux jusqu’à vingt invités. On se souvient de la suite : le gouvernement a changé radicalement de cap en diminuant peu à peu le nombre d’invités permis, allant même jusqu’à ordonner un couvre-feu à compter du Jour de l’an. Pourtant, dès les premiers jours de décembre, Sarah Dorner et son équipe avaient déjà dépisté le variant Omicron dans les eaux usées du Québec…

Sans vouloir être narquois, disons que l’usage de cette technologie aurait sans doute permis au gouvernement québécois d’éviter de perdre la face.

En terminant, je veux remercier Sylvain, ainsi que Guy, Émilie, Danylo, Alex et Sylviane, laquelle s’est démenée pour dénicher du papier… Vous vous rendez compte ? Trouver un imprimeur qui a du papier, de la main-d’œuvre et du temps de presse, en pleine pandémie ! Les initiés et les perspicaces comprendront que le coût de cette publication aurait pu tripler…  

Merci, mes amis. Grâce à vous, la confection de ce magazine demeure une fête !

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