Le Québec compte près de 100 000 kilomètres de conduites d’eau, 41 000 kilomètres de voirie au-dessus de ces conduites ainsi qu’un peu plus de 10 000 installations de traitement d’eau sous la responsabilité de centaines de municipalités.
Une défaillance de ces infrastructures a des répercussions économiques, environnementales et sociales considérables sur les municipalités. Par exemple, l’effondrement d’une conduite souterraine qui a atteint la fin de sa vie utile engendre un risque d’affaissement des infrastructures avoisinantes et d’inondation des résidences et augmente énormément les dépenses pour tout reconstruire (heures supplémentaires et équipes d’intervention d’urgence, dégâts matériels, circulation réduite, coûts de l’interruption des services, etc.). Une défaillance des installations de traitement des eaux usées augmente les risques de déversement et de contamination.
Il est à noter que 34,1 milliards de dollars seraient nécessaires pour remplacer les infrastructures en eau dont l’état, sans être alarmant, peut le devenir dans un avenir rapproché.
Le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU), le plus important regroupement de spécialistes en infrastructures municipales au Québec, réalise depuis plusieurs années diverses activités visant à améliorer la gestion de ces infrastructures municipales essentielles. En effet, depuis 2014, l’organisme recueille auprès des municipalités du Québec des données 1 qui lui permettent de consolider notre connaissance de l’état des actifs en eau au Québec et, par conséquent, de déterminer où sont les besoins les plus criants. Ce projet, réalisé grâce à une aide financière du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) et en collaboration avec les principaux acteurs du monde municipal, a permis d’élaborer plusieurs rapports sur l’état des infrastructures municipales d’eau.
Selon le plus récent rapport, publié en mars 2023, la valeur de remplacement de ces actifs est estimée à environ 224,3 milliards de dollars. En excluant la voirie, on parle plutôt de 172,6 milliards. Quand on analyse l’état des infrastructures en eau plus spécifiquement, la majorité de ce parc d’actifs est présentement considéré comme en bon état. Néanmoins, une partie importante, soit environ 10 %, arrive aujourd’hui à la fin de sa vie utile. Des investissements d’environ 16,9 milliards de dollars seraient nécessaires s’il fallait remplacer toutes les infrastructures d’eau considérées comme étant en mauvais et en très mauvais état physique 2. Ces investissements visent les actifs suivants :
- 3 679 km de conduites d’eau potable (soit environ 8 % de la longueur totale du réseau, estimée à 44 361 km) ;
- 3 466 km de conduites d’eaux usées (soit environ 10 % de la longueur totale du réseau, estimée à 35 837 km) ;
- 1 008 km de conduites d’eaux pluviales (soit environ 5 % de la longueur totale du réseau, estimée à 19 156 km) ;
- 226 ouvrages d’eau potable (soit environ 5 % du nombre total d’ouvrages, estimé à 4 244) ;
- 417 ouvrages d’eaux usées (soit environ 7 % du nombre total d’ouvrages, estimé à 5 798).
Ces infrastructures nécessiteront une prise en compte particulière par les municipalités afin que ces dernières rattrapent le déficit accumulé et assurent la pérennité des services. La remise en état de ce parc d’actifs exigera donc, au cours des prochaines années, des investissements financiers majeurs et une importante mobilisation des ressources municipales.
Il est à noter que 34,1 milliards de dollars seraient nécessaires pour remplacer les infrastructures en eau dont l’état, sans être alarmant, peut le devenir dans un avenir rapproché. Des travaux correctifs réalisés au bon moment sur ces infrastructures permettraient de prolonger leur durée de vie utile et ainsi de retarder le besoin de les remplacer.
Des rapports personnalisés pour sensibiliser les municipalités
à la gestion d’actifs
En juin 2023, le CERIU a mis à la disposition de plus de 900 municipalités un rapport personnalisé au sujet de leurs infrastructures en eau. Ces rapports, qui sont aussi accessibles en ligne sur le site www.inframunicipal.ca, ont pour objectif de sensibiliser les municipalités à la gestion d’actifs en leur présentant l’état actuel estimé de leurs infrastructures d’eau ainsi qu’une estimation des niveaux d’investissement en maintien d’actifs requis pour assurer la pérennité des services d’eau. De plus, ils permettent la comparaison de certains indicateurs des infrastructures d’eau d’une municipalité donnée avec des municipalités de taille semblable, des municipalités appartenant à une même région administrative ou MRC 3.
Dans l’ensemble, ces rapports ont tout de même été bien accueillis dans le milieu municipal. Le taux de satisfaction des répondants a été évalué à plus de 80 % ! À travers ces rapports, le CERIU continue d’innover et contribue de façon significative à consolider la saine gestion des infrastructures municipales.
- La base de données du CERIU compile les données de près de 880 municipalités possédant un réseau d’eau et de près de 891 municipalités possédant des ouvrages.
- Un montant de 21,3 milliards de dollars correspond aux investissements nécessaires s’il fallait uniquement reconstruire les kilomètres de chaussée en mauvais état située au-dessus des conduites. Les municipalités doivent donc surtout s’attendre à faire, voire à poursuivre, leurs travaux de voirie.
Il faut noter que les résultats de ces rapports sont intimement liés aux données les plus récentes collectées auprès du MAMH et que, par conséquent, ils peuvent ne pas refléter l’état réel de la situation au sein des municipalités