De la petite municipalité à la grande ville, l’eau est au cœur des services de proximité, et chacune fait, depuis de nombreuses années, ses efforts de sensibilisation pour tenter d’inciter ses citoyennes et ses citoyens à réduire leur consommation. Mais, alors que le gouvernement provincial a lancé la campagne Pensez Bleu, propulsée par Réseau Environnement, il est grand temps que tout le monde parle d’une même voix, haut et fort, en véhiculant le même message.
Pour avoir la chance d’évoluer dans le domaine de l’eau depuis plus d’un quart de siècle – ça ne me rajeunit pas ! – j’ai participé ou ai été témoin des différentes campagnes de sensibilisation. L’initiative derrière la campagne Pensez Bleu doit être saluée, car elle témoigne de la prise de conscience du gouvernement provincial quant à la nécessité de communiquer avec la population sur la gestion de l’eau. Juste ça, c’est un grand pas dans la bonne direction.
Un travail d’éducation à faire
Oui, le Québec a de quoi se réjouir. La province possède en effet 3 % des réserves en eau douce renouvelable de la planète, tandis que le Canada en détient 20 %. Nous sommes choyés par la nature !
Nous avons donc beaucoup d’eau, c’est vrai. Mais nous en consommons aussi beaucoup, beaucoup trop. Surtout en été. Entre l’arrosage des gazons et le remplissage des piscines, la demande explose, atteignant des sommets vertigineux. Ce que bien des citoyens ne réalisent pas, c’est que toute cette eau doit d’abord être traitée – et cela a un coût. Un coût qui ne cesse d’augmenter, tout comme celui des infrastructures qu’on doit renouveler ou modifier pour suivre le rythme de la consommation estivale. Sans oublier la mise à niveau des équipements pour atteindre les normes rehaussées au fil du temps, et ce, pour notre plus grand bien. Disons simplement que la pression est forte et qu’elle vient de partout !
Mis à part le grand classique « ferme le robinet quand tu te brosses les dents », la plupart des gens sont mal informés sur les petits gestes à poser pour alléger la pression sur les infrastructures. Le problème n’est pas un manque de bonne volonté, mais plutôt un manque d’information. On tient pour acquis que les parents apprennent à leurs enfants qu’il ne faut rien jeter dans la toilette. Mais comment peuvent-ils enseigner ce qu’ils n’ont jamais appris eux-mêmes ?
Je pense aussi à tous les nouveaux arrivants qui ne maîtrisent ni le français ni l’anglais, et qui, de ce fait, n’ont pas accès aux consignes. Sans parler du fait que la plupart viennent de pays où les systèmes collectifs sont peu développés, voire inexistants. Peut-on douter des répercussions que cela peut avoir sur le système, surtout dans les grands centres ? La tâche est titanesque. Et pour qu’elle porte ses fruits, il faut unir nos efforts et diffuser un message clair et cohérent à l’échelle de la province.
Aux grands maux, les grands moyens
J’oserais même aller plus loin : pour se donner une vraie chance collectivement, il faudrait accorder un budget plus élevé à la campagne Pensez Bleu. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, on ne peut plus espérer joindre une majorité de Québécois et de Québécoises d’un seul coup, comme du temps de La petite vie. Le marché publicitaire est fragmenté, et pour atteindre la population là où elle se trouve, il faut des moyens adaptés.
Il ne faut toutefois pas voir ce budget comme une dépense, mais bien comme un investissement. Prévenir et changer des comportements dommageables en matière d’eau permettrait de réaliser des économies directes sur les coûts d’exploitation des installations d’épuration et de distribution d’eau potable. Comme nous l’avons souligné dans notre reportage La toilette n’est pas une poubelle !, publié en 2023, les lingettes humides jetées dans les toilettes coûtent à elles seules entre 8 et 26 millions de dollars par année au Québec.
Des économies, il y en a à faire ! Mais elles ne viendront qu’avec un effort structuré pour mieux éduquer la population québécoise. Il est donc grand temps d’investir massivement, mais surtout de peaufiner notre message et de parler d’une seule voix pour que les choses changent réellement. Allez, tous ensemble !