ÉditosDéconfiner les idées pour une relance réellement verte

Déconfiner les idées pour une relance réellement verte

Par André Dumouchel

Quel que soit le secteur de l’économie, le mot « relance » est en ce moment sur toutes les lèvres. C’est sans contredit le mot-clé de la saison. Et la plupart du temps, cette relance, on la souhaite verte. Alors que tout reprend vie après une période particulièrement éprouvante – où le concept de résilience a pris tout son sens –, la table est mise pour repenser nos villes et donner le coup d’envoi à de nouveaux chantiers à l’image des leçons apprises. Mais à quoi ressemblera cette fameuse relance, et sera-t-elle aussi verte qu’on l’imagine ?

Dans un tel contexte de redémarrage ou de renouveau, la tentation serait bien grande de multiplier les dépenses et les grands coups d’éclat pour stimuler notre économie, surtout à l’approche des élections. Sauf que certaines stratégies qui nous apparaissent des plus profitables sont plus subtiles ou visent des objectifs à bien plus long terme qu’un mandat électoral.

Le recours aux plantes ou autres espèces vivantes pour verdir nos villes est certes moins spectaculaire qu’un concert de « pépines » jaunes. Les infrastructures vertes (IV) entraînent toutefois de puissants avantages insoupçonnés, comme une meilleure gestion des eaux pluviales et la réduction des îlots de chaleur, et elles peuvent même jouer un rôle dans l’apaisement de la circulation automobile. Les IV sont une véritable bénédiction pour diminuer certains effets des changements climatiques à moindres coûts.

Les IV ont également un impact sur l’amélioration de la qualité de vie. Tandis que les citoyens se réapproprient les rues et les places publiques, il est facile de remarquer quels quartiers sont les plus agréables et les plus attrayants en voyant le nombre de marcheurs y déambuler. Par exemple, des études réalisées à Portland ont démontré que la population avait davantage tendance à emprunter les rues où la biorétention avait été implantée. Et lorsque ces artères plus fréquentées sont occupées par des commerces, les retombées économiques sont bien entendu très intéressantes.

Plus près de chez nous, la Ville de Trois-Rivières l’a bien compris en profitant du remplacement de ses conduites d’eau pour repenser complètement son aménagement afin de mieux gérer ses eaux de pluie en se basant sur un principe d’une logique implacable : « La meilleure façon de gérer l’eau de pluie, c’est de la gérer là où elle tombe, sans jamais la transporter. Si l’eau reçue dans l’îlot de biorétention s’infiltre vers la nappe phréatique, c’est plus avantageux que de collecter l’eau dans un puisard et de l’envoyer dans huit kilomètres de tuyaux vers un plan d’eau », affirme Julien St-Laurent, superviseur en environnement de la ville.

Chef de file de l’aquaresponsabilité, l’Australie a une bonne longueur d’avance en matière d’IV. Toutefois, si elle a su créer des outils extrêmement pratiques pouvant inspirer les villes à réimaginer leurs IV, elle a d’abord construit de très coûteuses usines de dessalement des eaux qui n’ont finalement que peu servi, entraînant la gronde des contribuables.

Nul besoin d’être confrontés à de telles catastrophes pour en tirer d’excellentes leçons en vue de planifier nos villes plus intelligemment et de réduire notre gaspillage de l’eau. L’idée derrière l’ensemble de ces réalisations est tout simplement de se réapproprier l’espace en maximisant son potentiel à faible coût. Et pour en faire plus avec moins, il faut à tout prix prendre le temps de réfléchir en amont, de planifier. Revoir notre rapport à l’eau, revitaliser nos villes, mais aussi prendre en compte le bien-être de ceux qui y vivent. Ce nouveau regard, indispensable pour envisager toute relance verte, est certainement celui de toute la génération de professionnels récemment diplômés des écoles d’urbanisme ou d’architecture du paysage. Sensibilisés aux avantages variés des IV, motivés par d’innombrables projets qui intègrent des systèmes de gestion des eaux pluviales écoresponsables et prêts à mettre en application des stratégies inédites pour moderniser nos villes. C’est assurément cette génération qui « déconfinera » véritablement nos idée

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