Économie d’eau potableDe la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable au plan de gestion des...

De la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable au plan de gestion des actifs en eau

Par Marie-Josée Barrieault

L’approvisionnement en eau potable et le traitement des eaux usées sont d’importants défis pour les municipalités. Dans un contexte où les infrastructures d’aqueduc et d’égout sont vieillissantes, celles-ci doivent faire l’objet d’investissements considérables pour résorber leur déficit de maintien et assurer un fonctionnement optimal et durable.

Pour garantir une sécurité à long terme de l’approvisionnement en eau potable, il est primordial – en cette ère où les changements climatiques ont également une incidence sur les différentes installations de traitement, de distribution et de collecte des eaux – de bien connaître l’état de ces infrastructures afin de mieux prévoir et financer les interventions qu’elles requièrent.

À ce propos, le Portrait 2022 des infrastructures en eau des municipalités du Québec, présenté par le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU), évalue la valeur de remplacement des infrastructures en eau susceptibles de défaillance élevée ou très élevée à près de 16,9 milliards de dollars, une somme à laquelle s’ajoutent plus de 21,3 milliards pour la réfection des chaussées au-dessus de ces infrastructures.

Un service essentiel déficitaire 

Actuellement, la perception d’abondance et la facilité d’accès à une eau potable de qualité font en sorte que la valeur des services d’eau est généralement sous-estimée. Selon les dernières données recueillies par le Ministère, on observe à l’échelle du Québec que les revenus annuels consacrés à ces services couvrent à peine les dépenses engendrées par leurs frais d’exploitation. D’après les experts, cela est nettement insuffisant, car aux besoins de maintenance s’ajoutent bien souvent ceux de mise aux normes ou de prolongement des conduites d’aqueduc et d’égout.

Qui plus est, pour combler l’enveloppe budgétaire liée aux besoins d’investissements réguliers et au rattrapage de maintien de ces actifs, les municipalités recourent généralement aux programmes de subvention, aux emprunts ou encore aux paiements au comptant, en utilisant leurs réserves fiscales. Or, cela génère à coup sûr un déficit. Les découverts qui s’accroissent d’une année à l’autre démontrent la nécessité de réviser les pratiques de gestion.

C’est d’ailleurs pour ces motifs qu’à la suite du dépôt du rapport du comité de financement de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable (SQEEP) sur la problématique du sous-financement des services d’eau, en septembre 2021, le Ministère, de concert avec le milieu municipal, a entamé des travaux d’importance sur la gestion des actifs en eau.

Ces travaux portent à la fois sur l’élaboration de plans de gestion des actifs en eau (PGA-eau) par les municipalités et sur le lien qui pourrait être établi entre l’adoption de cette bonne pratique par les municipalités et les objectifs qu’elles poursuivent dans le cadre de la SQEEP.

On constate que les municipalités ont grandement bénéficié des orientations de la SQEEP, lesquelles, à son lancement en 2011, s’articulaient autour de la gestion de l’usage de l’eau.

Plus d’une décennie plus tard, les municipalités ont acquis une connaissance plus précise de l’état et de la valeur de leurs installations. Étant à même de tirer profit de ces avantages conférés par la SQEEP, elles sont aujourd’hui positionnées pour franchir l’étape suivante, soit la réalisation d’un PGA-eau. Cet outil administratif offre à une municipalité la possibilité de planifier la gestion de ses actifs de manière durable et à long terme, en couplant l’évaluation des besoins en infrastructures d’eau avec celle du financement nécessaire. Chaque municipalité peut ainsi adapter son plan à sa réalité, tout en favorisant la poursuite du développement de la connaissance de ses besoins et de son expertise à l’interne. La réalisation de PGA-eau à grande échelle permettra également au Ministère de mieux connaître les besoins à long terme des municipalités en matière d’infrastructures et, ainsi, d’orienter plus efficacement son soutien financier et son accompagnement.

Démarche en partenariat 

Bien entendu, la réalisation des PGA-eau fait partie d’une démarche collaborative. Les municipalités constituent le vecteur de l’éventuel succès de cette initiative, et tous les acteurs du milieu ont ici un rôle à jouer pour les soutenir et les accompagner tout au long du processus.

En ce qui concerne le Ministère, nos équipes responsables du secteur des infrastructures continueront de faire preuve d’engagement, de rigueur et de créativité durant toute cette opération. D’ailleurs, un groupe d’une quinzaine de spécialistes est supervisé par le Ministère et présidé par le CERIU ; ce dernier y agit à titre d’expert-conseil et a pour mandats d’élaborer les canevas d’un guide de gestion des actifs ainsi que de préparer certains outils qui appuieront la démarche de mise en œuvre des PGA-eau. La Fédération québécoise des municipalités et l’Union des municipalités du Québec y collaborent également. L’expertise de chacune et de chacun compte, et ce, à toutes les étapes du processus. Le guide et les premiers outils devraient être disponibles à l’automne 2023.

L’eau est une ressource vitale ; nous devons toutes et tous nous engager dès maintenant à la préserver. Ensemble, il faut poursuivre les actions définies par la SQEEP et mettre au point des solutions pour assurer la protection de cette ressource, notamment en valorisant la pérennisation de nos infrastructures d’eau. Une saine gestion des actifs permet de bien entretenir les infrastructures et de prendre des décisions éclairées lorsque vient le temps d’investir.

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